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Femmes d’affaires

Hémet-Râ, chef d’entreprise

Dans l’immense aire archéologique de Guizeh, les demeures d’éternité fourmillent d’informations passionnantes et révèlent nombre de personnalités féminines de premier plan. Ainsi, la dame Hémet-Râ, « la servante de la lumière divine », était un véritable chef d’entreprise.

À son service, un intendant et plusieurs scribes[139]… Mais pas d’employées ! Les scènes de sa tombe, destinées à perpétuer son existence dans l’autre monde, célèbrent l’autorité de cette princesse qui distribuait ses directives à plusieurs fonctionnaires masculins et gérait probablement tout un secteur de l’administration.

Tchat, spécialiste des finances

La dame Tchat, « la jeune femme », vivait au Moyen Empire, pendant la XIIe dynastie, dans la magnifique région de Beni Hassan, en Moyenne-Égypte. À cette époque, les chefs de province étaient de riches propriétaires terriens et occupaient une position importante dans le royaume. Or, la dame Tchat travaillait comme fonctionnaire[140] dans la maisonnée du puissant Khnoum-Hotep, gouverneur local. Très estimée et fort influente, elle portait les titres de « trésorière et gardienne des biens de son maître » ; autrement dit, Tchat était ministre des Finances d’un gouvernement local.

Représentée aux côtés de Khéty, la maîtresse de maison, la dame Tchat était la confidente de son patron ; elle fut peut-être davantage, s’il est vrai qu’elle l’épousa après la mort de sa femme et lui donna deux fils.

Tchat est, certes, l'une des glorieuses ancêtres des femmes vouées à la gestion des finances publiques et capables d’assurer la prospérité d’une région.

Nénuphar ; propriétaire terrienne

À l’Ancien Empire, ce sont des femmes, merveilleusement belles, qui symbolisent les domaines agricoles ; sur les murs des temples et des tombes, on les voit, en procession, apporter leurs richesses aux dieux ou au ka du défunt. Dès la IIIe dynastie, et sans doute auparavant, une femme était reconnue juridiquement apte à posséder une grande surface de terres, et cette disposition légale ne varia pas sous le régime pharaonique. Malgré son titre modeste de « danseuse », la dame Nénuphar[141], qui vivait au Nouvel Empire, fut une femme d’affaires très active. À la tête d’une importante exploitation agricole, elle était aussi la patronne d’une équipe de représentants de commerce, chargés de vendre le produit de ses exploitations.

Toute femme, même célibataire ou veuve, pouvait prendre en charge un domaine familial, et l’on ne constate aucune différence de traitement social ou juridique par rapport à un propriétaire masculin. Une femme, telle la dame Sebtitis, peut vendre, acheter, et disposer de ses biens comme elle l’entend ; et, comme la dame Ipip, vers 775 av. J.-C., elle était en droit d’utiliser un agent commercial pour effectuer des transactions[142].

Il existe plusieurs exemples de femmes maîtres de domaines ; ainsi, la dame Hétépet qui, alors qu’elle se fait servir à boire, assiste à la récolte du lin[143], ou bien la dame Ify, seule à bord d’une barque, assise sur un siège cubique à dossier bas, et respirant une fleur de lotus, pendant qu’elle parcourt ses domaines.

Hénout-Taouy intérimaire

En l’an 12 de Ramsès XI, la dame Hénout-Taouy remplissait la fonction de chanteuse d’Amon, à Thèbes, mais avait aussi des occupations profanes et administratives au harem du dieu[144]. Son mari, Nes-Aménipet, scribe de la nécropole, dut partir en voyage officiel, alors qu’il comptait superviser l’arrivée de chargements de grains destinés à la confrérie de Deir el-Médineh. Tâche particulièrement importante : les bâtisseurs et décorateurs des demeures d’éternité de la Vallée des Rois ne supportaient pas le moindre retard dans les livraisons des denrées qui leur étaient dues.

Ne pouvant se soustraire aux ordres et renoncer à son voyage, le scribe fit confiance à son épouse pour le remplacer. Hénout-Taouy n’était pas une novice ; elle siégeait au tribunal local et s’occupait de l’organisation des fêtes.

Lorsque les bateaux accostèrent, elle vérifia elle-même la quantité de grains annoncée et constata qu’il y avait une erreur. Avec détermination, elle mena aussitôt une enquête afin d’identifier les responsables et assura la livraison de rations alimentaires aux artisans de Deir el-Médineh. Nantie des mêmes pouvoirs que son mari, la dame Hénout-Taouy assura l’intérim avec une remarquable efficacité.

Le bétail de Takarê

À l’époque ramesside, la dame Takarê, qui portait dans son nom la puissance (ka) de la lumière (Râ), gérait un cheptel pour le compte d’un propriétaire[145]. Pour des raisons que nous ignorons, ce dernier fut mécontent du travail de Takarê et fit appel à une autre femme pour s’occuper de son bétail.

On imagine aisément le mécontentement de la dame Takarê, qui eut pourtant un beau motif de satisfaction : sa rivale l’embaucha ! Ayant sans doute estimé que Takarê avait été licenciée de manière abusive, elle s’allia même avec elle pour porter plainte contre le propriétaire. Et cette plainte alla jusqu’à la plus haute instance juridique, le tribunal du vizir !

La solidarité féminine n’était donc pas un vain mot. Mais une grande dame pouvait aussi intervenir en faveur d’un exploitant agricole ; alors qu’un propriétaire avait résilié le bail d’un de ses fermiers, sa femme désapprouva cette décision et convainquit son mari de changer d’avis. Aussi fut-il obligé d’écrire au fermier : Je t’avais annoncé que je ne te permettrai plus d’exploiter ma terre. Mais mon épouse, la maîtresse de maison, m’a dit : ne lui retire pas ce champ et permets-lui de continuer à l’exploiter.

Ournero, administratrice de biens

Vers 1550 av. J.-C., le pharaon Ahmosis avait donné à Neshi, capitaine de navire de guerre, un terrain près de Memphis, au titre de bien inaliénable et indivisible[146]. Pourtant, les héritiers remirent en cause cette disposition et, sous le règne d’Horemheb, un tribunal leur donna raison. Mais la bataille juridique continua. La situation devint si confuse que, sous Ramsès II, trois siècles après le don d’Ahmosis, la dame Ournero[147], administratrice de ce bien, connut de sérieux ennuis.

Descendante du capitaine Neshi, Ournero avait reçu du tribunal le droit de cultiver la terre, au nom de ses cinq frères et sœurs ; mais l'une des sœurs manifesta son désaccord, et exigea que le terrain fût divisé entre les six héritiers. Ournero et son fils firent appel, mais elle fut expulsée. Sa plainte n’aboutit pas.

Révolté par cette injustice, son fils, Mès, ne se découragea pas et fit examiner les actes de donation. Quelle surprise quand il constata que certaines pièces avaient été falsifiées ! Mès dut apporter la preuve qu’il était le descendant du capitaine Neshi, que son père avait cultivé cette terre et payé les taxes. Bien que la fin du texte soit détruite, il est certain que le courageux Mès gagna son procès et donna une grande joie à Ournero qui, en tant qu’administratrice, était restée dans le droit chemin.

La dernière femme d’affaires indépendante

D’origine grecque, Apollonia vivait à Pathyris, à une trentaine de kilomètres au sud de Thèbes, au IIe siècle av. J.-C.[148]. Fille d’un soldat, elle portait aussi un nom égyptien, Sen-Montou « la sœur de Montou (dieu faucon et guerrier de Thèbes) ». Ses grands-parents, ses parents et d’autres membres de sa famille portaient également des noms grecs et égyptiens ; venus de Cyrène, ils s’étaient installés en Égypte et avaient adopté le mode de vie local.

À l’âge de vingt ans, Apollonia épousa Dryton, un quadragénaire veuf, officier de cavalerie, et père d’un fils ; elle lui donnera cinq filles. Au moment de son mariage, Dryton désigna comme légataires son fils, son épouse et les enfants qu’elle mettrait au monde.

Bien que des souverains grecs, les Ptolémées, régnassent sur l’Égypte, les Égyptiennes jouissaient encore des droits reconnus et appliqués sous les pharaons indigènes. Mais l’air du temps devint menaçant ; les Grecs, en effet, étaient tout à fait opposés aux libertés que le droit égyptien ancien accordait aux femmes. Que ces dernières possèdent une autonomie juridique et la capacité d’être propriétaires de leurs terres leur apparaissait comme une abomination ! Néanmoins, aucun roi grec n’avait encore osé modifier la législation en vigueur depuis tant de siècles.

Vingt-quatre ans après son mariage, Dryton voulut déshériter sa femme. Acte facile à réaliser en Grèce, mais impossible en Égypte. Tout ce qu’avait acquis Apollonia pendant le mariage restait sa propriété. La jeune femme conservait également les terres héritées de son père, avec ses sœurs ; mais elles durent subir l’assaut de leur grand-oncle et d’un sinistre personnage, nommé Ariston, qui ne reconnaissait pas à des femmes le droit de posséder et de gérer un domaine, même modeste. S’appuyant sur le droit égyptien, Apollonia tint bon, loua des terres, prêta de l’argent et des grains à un vétéran, et continua à subsister en faisant des affaires.

Mais, sous le règne de Ptolémée IV Philopator (221-205 av. J.-C.), avait été entamée la réforme tant désirée par les Grecs : désormais, la femme, considérée comme un être infantile et irresponsable, devrait avoir un tuteur, gardien légal de l’épouse, qui contresignerait tout acte juridique.

Comme Apollonia dut être abattue ! Pour rendre valables ses actes de prêt et de location, elle fut contrainte de faire appel à Dryton, mari détesté. En cette fin du IIe siècle av. J.-C., les Égyptiennes avaient perdu indépendance et autonomie.

 

Les égyptiennes
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